Dix anges, portraits — 1988

Le saut de l’ange, c’est d’abord un spectacle conçu pour la scène. Sa transposition à l’écran, même adaptée ne m’intéresse pas, mais l’image cinéma m’a semblé idéale pour pouvoir préciser et même sublimer si possible, une dimension importante de la pièce.
La relation privilégiée avec le peintre Christian Boltanski m’a fait apprécier entre autres le concept quasi brutal d’inventaire.
Je me permets de lui emprunter le procédé pour aborder les dix portraits d’individus contenus dans la chorégraphie du Saut de l’ange.

Dominique Bagouet, avril 1988

Dimanche après midi, sur la place d'un village doré comme un petit pain, des filles et des garçons nonchalants. Fée bouton d'or en tutu, Catherine étire une arabesque tandis que Christian, l'effilé matador, roule de l'éventail avec ses doigts. Là-bas, le rat d'hôtel serpentin ? C'est Sarah. Et puis il y a Sonia, Jean-Pierre, Claire et Bernard, Orazio, Dominique, Michèle et, dans l'ombre derrière, Dominique... Bagouet. Orfèvre en sa matière, il cisèle des miniatures aériennes, subtilement articulées. Jeux de mains en dentelle, pieds volubiles, itinéraires délurés, ainsi va Dominique Bagouet. Enguirlandés d'ampoules par le plasticien Christian Boltanski, filmés avec doigté par Charles Picq, dix anges passent et jouent aux charades avec vous. Suivez les pointillés.

Fabienne Arvers, catalogue images de la culture